Janus Penrose
| Sujet: sommeil éternel (calderon) Dim 15 Avr - 19:06 | |
| Tu fixes un instant le lointain, laissant la brise fraîche venir caresser ta peau. T’as sur le dos qu’un simple t-shirt, parce que ta veste est sous toi. Pour t’asseoir, ne pas prendre la poussière. Et puis, c’est plus simple pour dessiner alors que tu n’es éclairé que de cette lampe un peu trop faible mais suffisante. Parfois, tu utilises ton téléphone. Mais, pas ce soir. D’ailleurs, tu ne dessines pas vraiment. Non, tu regardes juste autour de toi. Admirant les différentes fouilles. Tu sais. Que si tu te fais prendre, tu auras des problèmes. Mais, tu as retenu les horaires, tu as retenu où passer. Et jusque maintenant, tu n’as jamais vu personne dans les alentours. Non. Ça te convient.
Brise sur le visage, tu souris alors que tu te lèves. Ton carnet à la main, ta veste dans l’autre. Tu vagabondes. Regarde autour de toi. Les poteries. Entières pour certaines, détruites pour d’autres. C’est beau. Mais, ici, ce qui t’attires le plus, ce sont les statues. La plupart sont des adonis. Tu ne connaissais pas réellement le terme avant, mais. Tu l’as découvert. Oui, en même temps que leurs courbes. En même temps que ton obsession pour eux. Vraiment. Parce qu’ils viennent jusqu’à hanter tes nuits, jusqu’à te donner du plaisir. Et parfois, souvent, tu te sens mal. Très. D’oser penser à un objet ainsi. Mais, n’est-ce pas parce qu’ils représentent tout ce que tu n’as pas. Jeune homme à la beauté pure. Aux formes parfaites. Tu n’es qu’un pâle fantôme à leurs côtés. Mais, surtout tu découvres la beauté et l’attirance. Profonde. Pour les courbes masculines.
La main tremble. Tu t’arrêtes. Souffle un peu court. Tu le fixes, lui alanguit dans son sommeil éternel. Doucement, ta main s’avance et glisse sur la pierre froide et lisse. Le nez. Le front. Tu es bizarre Janus. T’en es persuadé. Mais, tu continues à découvrir les courbes fixées à jamais avec ta main. Et tu te demandes si…si ce serait aussi bien. De caresser un garçon en vrai. Les joues rougissent. Tu retires ta main. Et doucement, ouvre ton carnet, multitudes de pages croquées au crayon de papier. De tout, de rien. Mais, surtout eux et leurs courbes. Parfois des bouches, des regards. D’autres fois des ventres, des sexes. C’est secret. Totalement. Et parfois aussi, les corps entiers. Comme ce soir. Oui, tu vas le dessiner entier. Enfin…
C’est ce que tu commences à faire. Jusqu’à entendre du bruit. Sursaut violent. Merde. Tu te retournes, fait tomber tes affaires avant de te retrouver face à quelqu’un. T’es foutu. Foutu. Jusqu’à ce que ton regard capte le visage. « Cald ? » Et t’as presque envie de lui demander ce qu’il fait là. Mais lui, il a sûrement le droit. Vraiment. Il est venu avec les autres étudiants. Que toi…toi…
Le vent fait tourner quelques pages du carnet tombé au sol. Brise fraîche ce soir. |
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