marlboro bled -- soa

JOANNA HALPIN.

SOAVE SARRATORE
j'te laisse fou sur sur le pavé

AGE — vingt-quatre ans dans le nez - dans les sourires incandescents. vingt-quatre c'est pas rien soave serait p't'être temps d'arrêter d'courir - d'arrêter de siffler l'air si vite bientôt t'en auras plus si tu continues. DATE ET LIEU DE NAISSANCE — dix-neuf août soleil zénith qui frappe la capitale amour et arts odeur romarin et thym - mois d'août mois doux il faisait chaud et elle en a pris toute sa chaleur soave. NATIONALITÉ — italienne c'est la langue qui roucoule l'accent qui roule - les mains qui s'agitent. italie grillons et grandes rues pavées jusque dans ses mèches brunes et ses yeux tâches d'encre. ÉTAT CIVIL — mal-aimée, mal-aimante soave elle a brisé les coeurs des garçons - les a fait pleurer. et les femmes lui ont brisé le sien - les femmes que rien n'arrête. amante nomade, amante infidèle, amante plurielle elle déraille - son coeur roule pas sur la bonne route et s'arrête à toutes les stations - pour un peu que ses draps restent pas froids pour un peu que ses nuits soient fauves à elle aussi. OCCUPATION — orfèvre elle manie pas les pierres - plutôt les matériaux oubliés, les coquillages et le nacre, le verre poli et puis les vieux morceaux de carrelage, les perles pastels. martèle les métaux précieux - les cabosse pour les vendre à ceux qui demandent de l'ancien-moderne. peintre sans inspiration - ne montre pas ses toiles ne les aime même pas mais continue de les colorer en couleurs ternes. COMMUNAUTÉ(S) — artisans, hôtellerie. GROUPE — stranieri. MOOD BOARD — clique.

cose su di me.

QUALITÉS — solaire, attentionnée, entière, engagée, mutine. DÉFAUTS — infidèle, criarde, excessive, colérique, égoïste. PASSIONS — passion amour surtout - passion flammes chaudes et mots sucrés. passions éphémères - tourne en rond, s'ennuie, se lasse en un claquement de doigts et des choses et des autres. dès qu'elle touche du doigt la lubie, l'obsession - elle fane, s'émiette, s'éclate en billions de morceaux sur le macadam. insatiable soa - éternelle insatisfaite au ventre et à l'âme qui gargouillent. passion pour les peintures puis demain pour la botanique, après-demain pour la cuisine d'ici et hier pour les fouilles. elle s'y met corps et âme - se laisse consumer jusqu'à la dernière goutte, quelques fois tellement que ses nuits deviennent des boucles de lendemains interminables. elle explose, elle vit - maniaque à l'euphorie versatile et au feu turbulent ça la fait crier la plupart du temps, crier de colère de ne jamais savoir comment faire - comment faire pour aimer durablement. SAISON PRÉFÉRÉE — été des journées passées au bord d'un lac, les filles et les garçons à moitié nus, un livre sur la serviette ouvert pour faire bien - un livre triste à mourir qui lui fait souffler des mon dieu. été qui fait rougir les peaux - qui fait se dessiner les tâches de soleil, été qui reste toujours en tête et qui esquisse les meilleurs souvenirs parce qu'en été on ne fait rien d'autre qu'aimer et être bien et on ne s'en fait pas. elle a de l'été les rayons qui transpercent soave - elle a de l'été sa moiteur agréable, ses chants de nature qui relaxent. FRUIT PRÉFÉRÉ— orange sanguine sur le piédestal - le matin fraîches au petit-déjeuner, la peau qui colle au plastique des chaises de jardin. le jus qui tâche qui tombe sur le tee-shirt blanc trop grand - celui des matins calmes, qui fait sa vie le long des avant bras et sur la commissure des lèvres avides. le litchi aussi - plus doux et plus sucré. exotique un peu comme elle - cuirassé de piquants doucereux mais blanc coton quand déshabillé et à la chaire tendre et édulcorée - toujours un peu comme elle. LIEU FAVORI — lago di garda - on la cherche on la trouve allongée sur le bord, ventre à plat et les doigts qui feuillettent le journal local on la prendrait presque pour une native - si elle avait pas cet italien de rome. on se serait dit bars ou bien terrasses animées - soave un peu hyperactive, un peu oiseau de nuit, un peu jeunesse extatique mais c'est le lac mi-silencieux mi-bruyant avec ses ondulations à la surface et ses points d'ombre sous les grands oliviers. RÉPUTATION A MALCESINE — soave - soave on rigole déjà en entendant son prénom. il a le mérite d'hébéter - c'est pas un surnom ? et ça pourrait - donné par ses amants elle en plaisante mais c'est bien soave, soa quelques fois. on la dévisage - étrangère, t'as beau parler italien t'es pas d'ici. elle est de la ville - de la grande ville, de la cité romaine. ça se voit. ça se voit sur sa façon de marcher - sur ses intonations criantes, sur ses mille passions qui disparaissent au levé du jour. on l'envisage aussi - tu déranges pas tant que ça soa, t'es tranquille sauf la nuit alors ça va. elle prend de la place - elle prend de l'air. elle parle fort et rit encore plus fort - se sent peut-être un peu trop bien ici. on sait pas quoi en dire de soave - elle vend des bijoux fait mains sur le marché quelques dimanches, en fabrique une flopée d'autre dans sa petite chambre réservée. elle amène le bazar quelques fois - a un air de mélodrame. elle est trop moderne certains jours - assomme avec ses grands discours sur les femmes, lézarde au soleil sans haut de maillot de bain sans se soucier de rien et elle dit c'est comme ça qu'on fait chez moi c'est comme ça qu'on vit. on soupire les yeux qui roulent derrière le crâne ah ces citadines. c'est une tempête soa - elle est volcanique et on a souvent peur de se brûler tiens. AU VILLAGE DEPUIS — un petit mois tout rond - arrivée sans savoir où elle arriverait. c'est que rome et ses colonnades l'étouffaient - qu'elle voulait du vert et du grand bleu, un port coloré et des rues bordées de commerces artisanaux. des vacances sans date de retour prévue - le temps de voir et de vivre, d'apprécier ou bien de détester. c'est qu'elle voulait autre chose - qu'elle voulait avoir cette impression de laisser derrière sa valise pleine de problèmes, l'oublier, la laisser sur le bord du quai et faire semblant de ne pas le savoir.

vivere in città.

on lui a dit soave, rome c'est plus pour toi
rome ça devient trop grand
ça devient trop bruyant
ça te rentre dans les poumons et ça les explose
fais quelque chose.

c'est vrai
rome c'est plus pour elle
rome c'est devenu un mot maudit
c'est devenu un trou et si elle y reste
elle s'y enterre.

elle fait ses bagages sans parler et sans pleurer - balance ses vêtements en boules bordéliques, ses bijoux, ses pinceaux. odetta et maman dorment, il est pas loin de minuit et elle les réveille pas - laisse un mot sur la table du salon, un truc qui sonne comme pardon mais ça rime plus à rien ici, je pars en vacances. y a un bus à prendre à quelques minutes à pieds d'ici, elle est en retard alors elle marche vite, tire sa valise dont une roue est bloquée, son ticket entre les doigts qui indique rien d'autre que les arrêts prévus.

dedans soave elle tire au hasard - demande à son voisin où il va, lui, et décide de ne pas y aller. alors son doigt s'arrête sur malcesine écrit en petit sur le dépliant et elle se dit que ça sonne bien, malcesine. qu'elle en a même déjà entendu parler - paraît qu'on vient d'y installer un site de fouilles qu'on lui dit, que ça attire du monde et que c'est bien mignon, que c'est tout petit et sans wifi - c'est ça, c'est là.

et la place centrale a des airs de film romantique avec ses petits pavés et les lampions dans les arbres le soir - soave avec sa valise branlante et ses mèches folles elle souffle. l'air est bon ici, l'air est vrai. déjà un sourire à s'en fendre le visage en deux elle hoche la tête pour elle-même - oui, je vais rester un peu. aucune date de retour sur le papier, aucune en tête non plus. à peine descendue du bus on lui a conseillé l'auberge aurora - chambre douze on lui a dit en bas et elle a jamais aussi bien dormi que ce soir-là.

dimmi la tua vitta.

tu te souviens dis
quand on était gosses ?

t'avais déjà une hargne terrible.
t'avais été punie un mardi pour avoir mordu stefano
c'est parce qu'il avait dit qu'une fille avait pas le droit de jouer aux billes avec eux.

t'avais tout le temps des bleus
et les genoux écorchés.
en vélo t'arrivais toujours à finir parterre.
tu te battais un peu trop
ta mère passait des heures à te sermonner.
t'en retenais jamais rien d'autre que des cris et des cris.

tu faisais déjà tout en tas de trucs fous
t'avais dessiné un énorme dessin, une fresque dans la cour de l'école
avec des craies volées à madame gallo.
ça t'as valu une punition de plus
et un sermon de plus
alors qu'avec l'averse de l'après-midi c'était parti aussi vite que ça avait été fait.

et puis après, tu te souviens ?

t'avais piqué le paquet de cigarettes de ton père
on était parties fumer derrière l'immeuble
évidemment qu'on s'est faites attraper.
t'as plus eu le droit de sortir pendant deux semaines
mais heureusement on avait une échelle.

t'avais toujours pas arrêté d'être hargneuse.
ton plus gros combat c'était les gars
ceux un peu machos
ceux avec des remarques qui glissaient pas bien dans ta gorge.
ça me faisait rire de te regarder t'énerver.

mon plus beau souvenir c'est ton rire
celui qui faisait se retourner les gens.
trop fort soave
trop fort.
tu mettais ta main dans ta bouche comme si ça allait l'étouffer
mais tu finissais toujours par faire encore plus de bruit.
ça mettait plus de son dans ma vie, un brin de mélodie du bonheur.

puis y eu le lycée - tu foutais rien
sauf en histoire.
c'était ton truc ça - c'était aussi celui de ton père.
lâchez à deux sur un sujet historique, n'importe lequel, on vous retrouvait pas avant des heures.

tu te souviens de la fin du lycée ? de tout le reste ?

avant la fin de l'année de terminale
t'as perdu un bout de toi-même.
il était quelque chose ton père soave
vivant et fort
mais pas assez.

je t'avais jamais vue pleurer
jamais comme ça - avant c'était pour des chagrins d'amour.
là c'était pour un chagrin d'amour plus fort que tous les autres.
t'as foiré la fin de l'année
même en histoire.
et tu t'es plus montrée pendant des semaines.

j'avais glissé des mots sous ta porte
tous les jours pendant toutes les semaines
jusqu'à ce que tu finisses par ouvrir en me souriant.
t'as dit que j'étais malade
et j'avais jamais été aussi contente de t'entendre dire ça.

t'as travaillé - pour ta mère, pour odetta.
t'as fait tout et n'importe quoi.
t'es devenue leur pilier soave
mais je crois que tes fondations sont bouffées par les mites
et que t'es en train de t'écrouler.

c'est cool malcesine, t'as raison
restes-y pour l'instant
envoie-moi des cartes postales tiens.

dietro lo schermo.

PSEUDO/PRÉNOM — diable au coeur, mais pour vous c'est tessa.  
PRÉSENTATION PERSONNELLE — je collectionne les tickets de caisse pour faire mes comptes mais finalement je les fait jamais. j'suis un peu ce qu'on appelle une boloss dans le jargon des années 2000 et j'aime bien vous appeler chaton ou chat.    
FRÉQUENCE DE CONNEXION — très random, un peu comme mes révisions hihilol.
AVATAR — gabriela bloomgarden.
COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM ? — bazzart.
MOT DE LA FIN — upgrade de feu carmela, je dis encore merci à noor.

Citation :

je collectionne les tickets de caisse pour faire mes comptes mais finalement je les fait jamais.

c'est une bonne idée ça, mais je sais qu ej'aurais jamais la foi de faire mes comptes du coup bah je récupère même pas mes tickets de caisse en tout cas j'adore ton avatar, et orfèvre omg c'est une super super idée bienvenue dans le coin