sur le sol // noor

SUR LE SOL.
noor x cosima

elle s'était encore levée tôt ce matin-là, cela faisait un moment que dormir était devenu pour cosima une chose rare.
la nuit, elle pensait beaucoup, trop probablement et pour essayer d'arrêter toutes ses pensées de fuser, elle peignait
maladroitement,
grossièrement
et elle finissait par s'endormir au petit matin,
pour quelques heures,
un pinceau encore en main.

dessiner était devenu une nouvelle occupation.
cosima avait fait un peu d’histoire de l’art au lycée mais elle n’avait jamais expérimenté les cours de dessin ou de peinture.
ses activités extra-scolaires tournaient principalement autour du théâtre et de la natation
il n’était pas envisageable pour ses parents qu’elle ne fasse pas un peu de sport
de même qu’il n’était pas envisageable de ne pas chercher à réduire son trop plein d'énergie qui pouvait vous épuiser pour le reste de votre soirée.

cosima s’ennuyait à malcesine,
c’était peut-être la première fois qu’elle ressentait cela
probablement parce que la maison était encore vide
et l’agitation pas encore assez palpable
mais la véritable raison de son ennui, c’est qu’elle n’était que très peu sortie d’ici.

maintenant qu’elle avait fait le tour de la maison,
qu’elle avait regardé de loin son grand-père râler dans sa barbe,
elle n’a plus rien à faire,
elle ne sait pas quoi faire.

‘pourquoi tu n’irais pas voir febo?’
‘où ça, dans les ruines?’
elle faisait une moue de réprobation
‘oui, ça te changerait un peu’
‘oh, non y aura trop de gens’
‘et alors quoi, tu n’aimes plus les gens?’
un silence et une respiration
‘non, mais (...)’
‘tutu tu il n’y a pas de non mais, tu prends ton sac, une bouteille d’eau et tu vas voir ton cousin’

les ordres sont les ordres.
‘ok’ souffle-t-elle
‘et avec le sourire’
et sans vraiment savoir si c’était pour lui faire plaisir ou si au fond ce n'était qu’ironie, elle lui fit un grand sourire

alors comme une habitude qui s’installe à nouveau, elle est allait prendre son sac à dos, une bouteille d’eau et son chapeau de paille, parce que ‘ne va pas nous attraper une insolation’

sur son vélo, elle pédale doucement
comme pour faire arriver les ruines lentement
comme si tout ceci n’était qu’une vulgaire corvée qu’elle devait réaliser

il y avait du monde, beaucoup trop à son goût
ils étaient tous là à s’affairer
‘je le retrouve comment moi maintenant’
passer trois heures à la recherche de febo, thanks but no thanks
alors elle rebrousse chemin, mine de rien
mais elle ne pouvait pas rentrer maintenant,
pas si tôt
alors comme pour faire une pause, elle s’asseoit dans un coin
au bord de la route
et elle se met à observer les gens
qui défilent
histoire de passer le temps

cosima ne veut plus bouger, ne cherche pas à s’activer
moment insolite
elle sort son carnet, celui qu’elle avait trouvé dans la chambre du deuxième
un carnet aux pages blanches
elle dessine pour aller mieux,
elle dessine un avenir heureux.

faire une pause, et s’échapper de la réalité,
être dans la lune et ne pas s’en rendre compte
reprendre conscience de la vie autour de soi
puis son regard qui s’arrête sur une femme,
pas loin,
qui n’a pas l’air d’être du coin,
c’est certain
elle ne se rappelle pas l’avoir croisée un jour,
mais sa tenue laisse penser qu’elle n’a pas l’air de savoir où aller

puis cosima, ça la fait sourire de la voir cette fille,
elle est blonde,
elle la trouve jolie,
elle a une grande robe et ‘mais qu’est-ce qu’elle fout avec des talons?’
elle rit, doucement, mais elle rit
ça faisait longtemps

elle a continué comme ça pendant un bon quart d’heure,
avant de commencer à lui imaginer une vie, une identité
et à la griffonner sur une page de son carnet.

Spoiler: